Évolution et Intelligence


Les individus les plus intelligents assurent mieux leur survie et ont plus de descendants.


Voici un petit résumé chronologique et par volume cérébral : 

  • Le Toumaï Sahelanthropus tchadensis, l'Orrorin tugenensis et l'Ardipithecus ramidus, l'Ardipithecus kaddaba,  vivant entre 7 et 4 millions d'années, cerveau = entre 350 et 500 cc (centimètre cube)
  • Les Australopithèques vivant entre 4,2 et 2 millions d'années, cerveau = entre 400 et 550 cc 
  • Les Homo habilis vivant entre 2,4 et 1,4 millions, cerveau = 500 et 850 cc
  • Les Homo ergaster vivant entre 2 et 1 million d'années, cerveau = entre 750 et 1050 cc
  • Les Homo erectus vivant entre 2 millions et 100 000 ans, cerveau = entre 800 et 1150 cc
  • L'Homo Heidelbergensis vivant entre 800 000 et 300 000 ans, cerveau = entre 1000 et 1300 cc
  • L'Homo Néanderthalensis vivant entre 400 000 et 25 000, cerveau = entre 1250 et 1600 cc
  • L'Homo sapiens sapiens vivant entre 300 000 et aujourd'hui, cerveau = entre 1200 et 1500 cc 

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Le Toumaï (Sahelanthropus tchadensis) découvert au Tchad et l'Orrorin tugenensis, découvert au Kenya ont vécu il y a 6 à 7 millions d'années - ils sont parmi les plus anciens fossiles des hominiens découverts jusqu'à présent et font partie des premières espèces d'humanoïdes bipèdes. Ensuite, une de ces dernières a donné naissance à l'Ardipithecus ramidus et l'Ardipithecus kaddaba, qui ont vécu entre 6 et 4 millions d'années. Ces primates qui ont existé entre 8 et 4 millions d'années av. J.-C. étaient beaucoup plus proches des singes que de l'être humain ; c'est uniquement la bipédie qui les différencie concrètement d'un chimpanzé ou d'un orang-outan.

Les Australopithèques - les primates qui réalisent la transition des singes vers des hommes primitifs - ne sont plus des singes, mais pas encore ce que l'on peut appeler de véritables êtres humains. Les Australopithèques apparaissent il y a environ 4 millions d'années et disparaissent approximativement trois millions d'années plus tard. On dénombre au moins huit espèces (ou sous-espèces) d'Australopithèques ; et aucune d'elles ne semble avoir confectionné et utilisé systématiquement des outils en pierre. Néanmoins (d'après de récentes découvertes, des galets en silex qui semblent dater de plus de 2,5 millions d'années), certains Australopithèques auraient pu avoir effilé des outils en pierre, par taillage, au moins occasionnellement. Il est vraisemblable, qu'au moins comme les chimpanzés, les Australopithèques utilisaient à diverses fins du bois, des pierres, de l'os, etc., mais sans une véritable élaboration d'outils. Le cerveau des Australopithèques, d'environ 500 cm3, était à peine plus grand que celui des chimpanzés. Ils vivaient en groupes de quelques dizaines d'individus. Ils étaient omnivores et se déplaçaient sur leurs deux jambes à la recherche de nourriture telle que des fruits, des herbes, des racines, du petit gibier - lézards, rats, insectes, vers de terre, coquillages, grenouilles, oiseaux, etc. - ou des carcasses dérobées aux prédateurs, qu'ils effrayaient par leur nombre, par des cris et par des branches qu'ils agitaient avec agressivité. Ils grimpaient encore régulièrement dans les arbres pour profiter des fruits, des feuilles, des œufs... ou pour se mettre à l'abri des prédateurs. Comme chez d'autres singes (gorilles, macaques, babouins), seuls les mâles les plus forts se reproduisaient et le dimorphisme sexuel était très prononcé : les femelles faisaient environ 1 mètre pour 30 kilogrammes ; les mâles, environ 1,5 mètre pour 65 kilogrammes. Ils ont habité presque tout le continent africain, mais c'est surtout dans les régions de l'Est que leur évolution fut plus dynamique.

L'Est du continent africain a été (et il est toujours) un véritable laboratoire de la Nature : la savane, la jungle, le désert et les montagnes se côtoient, s'entremêlent et s'influencent... ; puis, de profonds changements climatiques se succèdent régulièrement... Et qui dit changement dit adaptation ou disparition ! Suite à des changements climatiques soudains et brutaux, systématiquement certains animaux natifs de la jungle se retrouvaient isolés dans de petites oasis, encerclés par des déserts ou des savanes. Les grands herbivores résolvent très facilement les problèmes déclenchés par ces changements climatiques, ils migrent ; mais les Australopithèques de la première heure étaient incapables de se déplacer sur de très longues distances. À chaque coup porté par la Nature, les Australopithèques survivants étaient ceux qui pouvaient mieux marcher, pour rejoindre d'autres oasis, îlots de bosquets ou forêts. Ils étaient encore très dépendants de l'abri, la nourriture et l'ombre offerts par les arbres.

On peut affirmer que le « gentil arbre » est le créateur du singe ; et que « le méchant climat » a obligé un singe - pour qu'il puisse subsister, pour ne pas périr ! - à se transformer en protohumain. Obligée à s'adapter pour survivre, une espèce de primates a acquis une bipédie de plus en plus efficace ; sur le chemin de l'évolution du singe à l'homme, la réalisation majeure de l'Australopithèque est surtout la généralisation de la bipédie, même s'il restait encore un peu de travail pour devenir un erectus bien droit.

Il y a environ 1,2 million d'années, les Australopithèques ont disparu ; mais, bien avant cela, ils ont donné naissance à des descendants plus humains. Ensuite, les individus plus compétitifs ont probablement éliminé peu à peu leurs cousins moins performants, qui habitaient les mêmes niches écologiques.

L'Homo habilis apparaît il y a environ 2 millions d'années ; il est le premier hominien qui fabrique habituellement des outils - d'où son nom de « habilis » - et qui, comme son nom « Homo » l'indique, est considéré comme étant un être humain, même s'il est encore relativement primitif. Certains scientifiques séparent cette espèce en deux : l'Homo habilis, qui est le plus archaïque et qui possède un cerveau plus petit (environ 500 à 550 cm3) et l'Homo rudolfensis avec un cerveau de 750 cm3 en moyenne. Les outils (en pierre, bois, os) confectionnés par ces espèces sont encore très simples. Mais en fabriquant systématiquement des outils et en les utilisant, ces hominiens avaient misé de plus en plus sur l'intelligence ; en conséquence, l'évolution du cerveau s'est accélérée. Ceux qui étaient plus intelligents réalisaient des outils mieux adaptés (logiquement conçus) pour se procurer de la nourriture : broyer des os, des coquillages, des fruits secs... creuser la terre à la recherche des lézards, des insectes, des vers de terre, etc. C'est-à-dire également que ceux qui détenaient les techniques les plus adaptées, avaient aussi plus de chances de laisser des descendants. Jusque-là, les Australopithèques comptaient relativement peu sur leur intelligence créative, logique et analytique, tout simplement parce que leur mode de vie ne nécessitait pas d'être très cogitatif ! Vous avez peut-être remarqué qu'un cerveau de poule et même un cerveau de moineau... suffisent largement pour se nourrir, pour se reproduire, pour repérer les dangers et pour se tenir debout sur deux pattes ! - c'est exactement ce que faisait quotidiennement l'Australopithèque ! En revanche, l'Homo habilis commence à inventer des outils qui lui demandent de l'intelligence consciente, inventive...

L'intelligence humaine se distingue de l'intelligence animale principalement par la créativité ou l'inventivité et la Raison. Pour réaliser une classification claire et simple, on peut parler d'une intelligence instinctive ou animale et d'une intelligence inventive et dialectique ou humaine.

L'intelligence instinctive est également très raisonnable, les associations des idées sont simples, élémentaires et utiles... et seules les informations très importantes sont stockées. Ensuite, l'organisation des informations dans le cerveau est simplifiée pour pouvoir les associer rapidement et efficacement. Comme la Vie se déroule dans un éternel présent, les animaux ne perdent pas leur temps à divaguer avec leur intelligence instinctive dans un passé qui n'existe plus ou dans un hypothétique futur qui n'existe pas encore, seul le présent est important. L'intelligence instinctive est utilisée au maximum pour résoudre des problèmes d'actualité. On dit même que les animaux n'ont pas de conscience de soi - dans leur esprit, eux-mêmes et leur environnement ne forment qu'une seule entité, toujours située dans le présent. En fait, les animaux possédaient une conscience de soi, mais celle-ci était plus simple et limitée au moment présent ; donc incomplète d'un point de vue humain - car pour être réellement conscient de soi, il faut aussi connaître son passé, imaginer son avenir et surtout être capable de confiner spirituellement sa propre personne, son propre Ego... de se voir, de se distinguer, soi-même.

L'intelligence instinctive - simple, efficace, compétitive et économe - remplit parfaitement ses attributions, pour assurer la survie des espèces ; et elle reste la norme, alors que l'intelligence humaine est une exception. Il est cependant injuste de croire que les animaux sont bêtes et que leur intelligence est moins valeureuse que la nôtre. En réalité, l'intelligence instinctive est logique et efficace et l'intelligence humaine est aléatoire et compliquée : la quantité ne garantit pas la qualité !

L'intelligence inventive ou humaine peut apparaître là où il y a de l'excédent. Quand on a du surplus (en neurones) on peut se permettre plus (de réflexion). C'est avant tout une question de quantité : un cerveau plus grand qui -en plus d'enregistrer et de traiter des informations vitales - emmagasine aussi d'autres informations qui n'ont ni trop de sens ni vraiment d'utilité apparente. Le « moteur de recherche » (qui, chez l'homme, est situé dans la zone frontale et préfrontale) est présent dans tous les cerveaux de toutes les sortes ; et son rôle est d'effectuer des connexions avec le reste du système central pour trouver les bonnes réponses, les bonnes solutions à chaque situation... Mais quand le moteur de recherche trouve davantage d'informations, il peut accomplir davantage de jonctions. Ensuite, les associations des concepts et des idées multiples mènent à des créations plus complexes, qui sont plus ou moins profitables ou raisonnables.

Un cerveau suffisamment grand permet au moteur de recherches de réaliser suffisamment de connexions (d'associer, logiquement et simultanément, suffisamment d'informations) pour engendrer la Conscience de soi, ainsi que pour effectuer une multitude d'opérations complexes, logiques... qui relèvent de la Raison (ou ce que l'on appelle l'intelligence rationnelle). Un tel cerveau est plus lent, moins réactif (car il ne réagit pas automatiquement - comme le cerveau instinctif d'une mouche ou d'un moineau - d'abord, il cogite, il analyse...), plus complexe, plus gourmand en énergie ! Un tel cerveau peut imaginer des choses qui n'existaient pas, il peut comparer toutes sortes d'événements, idées et créatures et il peut se projeter dans le passé et dans l'avenir...

C'est grâce à plus d'informations et plus d'associations de concepts et d'idées que l'on arrive à la Conscience de soi-même, la Conscience d'exister, la Conscience d'être ! Comprendre qu'il n'existait pas, qu'il existe et qu'un jour il doit périr ; ou comprendre son passé et son présent et imaginer son futur, est le requis minimal exigé pour affirmer qu'un être vivant est Conscient de soi-même.

Les mains des singes arboricoles sont déjà adaptées pour attraper des outils. L'utilisation systématique de leurs bras - qui étaient libres, grâce à la station debout - pour manipuler des branches, de pierres, des os, etc., a poussé les Australopithèques à faire des petites retouches sur leurs outils. Et les plus intelligents, parmi eux, faisaient des retouches qui avaient du sens... Ainsi leurs outils étaient plus performants et devenaient un facteur avantageux pour la survie et la reproduction de leurs inventeurs.

Après l'apparition de l'Homo habilis, des Australopithèques ont survécu pendant encore environ un million d'années. Seuls quelques-uns de ces derniers se sont transformés en Homo habilis : quelques centaines ou milliers d'individus se sont retrouvés isolés du reste, séparés par un fleuve, un désert ou la jungle... Entre-temps, ils étaient devenus des « chimpanzés bipèdes de savane ». Et ils ont usé de tous leurs acquis pour s'en sortir, pour survivre. Comme ces Australopithèques étaient pratiquement des singes bipèdes, qui n'avaient pas la vocation de devenir des êtres intelligents ou des fabricants d'outils, il est très probable que les premiers Homo habilis sont apparus dans des conditions de vie très, très rudes ! Seuls ceux qui fabriquaient de bons outils et savaient s'en servir correctement, survivaient ; les autres mouraient... Ensuite, les survivants donnaient naissance à des enfants qui étaient aussi habiles qu'eux-mêmes, certains encore meilleurs. En même temps, le dimorphisme sexuel commença aussi à diminuer : seules les femelles les plus puissantes survivaient ; et seuls les enfants aidés aussi par les mâles arrivaient à l'âge adulte - les mâles qui se combattaient trop entre eux, pour posséder toutes les femelles, n'avaient plus de descendants, car ces dernières (en temps de crise) n'avaient pas la force d'élever les petits toutes seules ; en revanche, ceux qui formaient des couples et des groupes bien soudés (plusieurs mâles et plusieurs femelles qui se tolèrent et qui s'entraident) avaient plus de chances d'élever leurs petits et de laisser une descendance. Ainsi, l'Homo habilis devint un fabricant d'outils et (même si la brutalité et la polygamie persistaient encore), en même temps, un être « plus humaniste, plus féministe ». Ce sont l'Intelligence et l'Amour qui ont aidé certains Australopithèques à survivre dans des conditions extrêmes... et à devenir plus performants dans l'art de la survie.

Rien, dans la Nature, ne reste longtemps dans une situation intermédiaire ! L'Australopithèque aurait pu rester un singe semi-bipède (il avait de longs bras et se tenait à demi courbé) ou devenir simplement bipède et rester pour toujours un primate comme les autres. Il est vrai que la bipédie d'un singe libère deux « bras habiles », mais elle n'oblige pas pour autant à devenir un fabricant d'outils et encore moins de se transformer en un « singe penseur » ! En revanche, les Homo habilis - qui furent obligés par une Nature sévère à devenir des fabricants d'outils - ont entamé une transformation à sens unique... Imaginez ce qu'est une transformation inachevée : des ailes qui ne permettent pas de voler, des pattes qui ne permettent pas de marcher correctement, un système digestif qui n'assure pas la digestion, des organes sexuels qui n'assurent pas la reproduction, etc. Devenir un fabricant d'outils et avoir un cerveau inventif, mais rester médiocre, serait aussi une transformation inachevée ! Dans une Nature exigeante, changeante, où la survie n'est jamais un acquis, ce protohumain, l'Homo habilis, devait impérativement soit arrêter de perdre son temps à construire des outils pitoyables et inefficaces, soit bien devenir suffisamment intelligent pour confectionner des outils vraiment utiles, profitables ! Ces premiers humains étaient encore primitifs, mais certains d'entre eux se sont dirigés très rapidement vers une intelligence supérieure.

Vers une intelligence supérieure

Une fois que l'intelligence inventive, rationnelle, était devenue un « gagne-pain », elle a continué et même accéléré son développement, pour accomplir le mieux possible ses fonctions. Le mécanisme de ce développement intellectuel - par sélection naturelle - est très simple : 

les individus les plus intelligents assurent mieux leur survie et ont plus de descendants.

Plus de deux millions d'années séparent les plus primitifs Homo habilis, les premiers primates qui ont des traits vraiment humains (ou du moins qui sont quelque part sur le chemin entre le singe et l'homme) des premiers hommes modernes - les Homo sapiens sapiens -, qui sont pratiquement identiques à nous et qui vivaient il y a quelques dizaines de milliers d'années. Cette transformation est marquée principalement par l'agrandissement du cerveau. L'industrie lithique a accompagné de très près toute cette évolution, mais il ne faut pas non plus imaginer l'Homo habilis travaillant la pierre huit heures par jour, quarante heures par semaine ! En réalité, ces hommes préhistoriques consacraient à peine quelques heures par mois pour fabriquer des outils et le plus gros de leur temps quotidien était destiné à la recherche de la nourriture, « l'élevage » de leurs enfants, le repos et le divertissement.

Ultérieurement, les inventions majeures - la lance, l'allumage du feu, le vêtement et l'abri construit - ont changé la vie de nos ancêtres et ont accéléré l'évolution vers une intelligence supérieure. L'intelligence de nos ancêtres a été de plus en plus mise à l'épreuve... pour atteindre son apogée avec « l'Homo sapiens guerrier », dans le Paléolithique supérieur ; quand les humains les plus forts ont tout exterminé autour d'eux (plusieurs autres races et sous-espèces humaines et une foule d'espèces animales) et ont laissé beaucoup de descendants - dont vous faites tous partie. Les plus forts furent, évidemment, les plus intelligents.

Ensuite, l'intelligence de l'espèce humaine a commencé à diminuer, car (avec la sédentarisation) tous les cons pouvaient avoir de nombreux descendants. L'intelligence d'une société, d'une civilisation, ne sert pas seulement les intérêts d'individus les plus intelligents ; comme durant la Préhistoire, quand l'intelligence servait directement aux individus qui la possédaient. L'intelligence d'une société, d'une civilisation, sert tous les individus, toute l'espèce ; et les individus les moins intelligents profitent de cela pour se reproduire frénétiquement... comme des animaux à qui nous mettons à disposition des ressources considérables ! Tandis que les individus les plus intelligents savent que les ressources de la Terre sont limitées, pensent à l'avenir de leurs enfants, se concentrent sur leur carrière ou sur des activités intellectuelles... - et font (généralement) moins d'enfants.

L'Homo habilis a donné naissance à l'Homo ergaster, qui est considéré par certains scientifiques comme un Homo erectus archaïque ; il ressemblait clairement à celui-ci. L'Homo erectus ne change pas beaucoup jusqu'à il y a environ 200 000 ans. Il possède pratiquement les mêmes caractéristiques que l'Homo ergaster possédait déjà il y a environ deux millions d'années - c'est-à-dire une position bipède vraiment verticale (car les Homo habilis étaient encore légèrement courbés), un volume cérébral qui dépasse 800 cm3 pour l'Homo ergaster (qui est nettement supérieur à ses ancêtres) et la fabrication systématique d'outils - néanmoins, il va considérablement améliorer tous ces acquis.

D'après les connaissances actuelles, l'Homo erectus est le premier être humain à être sorti de l'Afrique ; il y a au moins 1,8 million d'années, il était déjà présent en Afrique, en Europe et en Asie. Il y a 200 000 ans, l'Homo erectus existait encore ; sur son parcours il avait donné naissance à des hominidés de plus en plus performants. Il y a 1,5 million d'années, l'Homo erectus avait déjà apprivoisé le feu (même s'il n'était pas encore capable de le produire lui-même : c'est probablement l'éclair qui a fourni le feu aux premiers hominidés).

La maîtrise du feu est une étape essentielle dans l'évolution de l'espèce humaine ! Grâce au feu, les humains pouvaient se protéger du froid et des prédateurs ; et ils pouvaient cuire la viande, qui devient de la sorte beaucoup plus facile à digérer, plus nutritive. Il y a plus d'un million d'années, nos ancêtres sont déjà de véritables êtres humains. Leur volume cérébral est généralement supérieur à 1 000 cm3 et leurs qualités physiques et intellectuelles sont très proches de celles des hommes modernes.

Il y a approximativement 500 000 années sont réalisées les inventions majeures : la lance, le vêtement, l'abri construit et l'allumage du feu. Probablement en aiguisant une lance, le frottement avait beaucoup échauffé le bois, qui était suffisamment dur et sec pour acquérir une température assez élevée pour permettre l'allumage des herbes sèches... Ainsi, ce « Einstein préhistorique », a compris la relation entre matières, friction et énergie... ; ou peut-être qu'il avait frappé du silex contre de la pyrite... En ce qui concerne la lance, elle existait déjà il y a plus d'un million d'années, mais c'est seulement il y a environ 500 000 ans qu'elle devint l'arme inséparable de l'être humain, qui va l'accompagner quasiment partout dans son épopée jusqu'à récemment (Moyen âge en Europe, XXème siècle en Afrique). Le vêtement et l'abri construit deviennent aussi des généralités il y a environ un demi-million d'années, notamment dans les régions au un climat plus froid. En ces temps s'accomplissent donc les trois plus grandes inventions de la préhistoire : l'allumage du feu, la lance et le vêtement. Le feu permet de préparer la nourriture, de se réchauffer et d'éloigner les prédateurs. Les vêtements aident les humains à conquérir des régions plus froides, mais riches en gibier. Et, avec de bonnes lances et mieux organisés, les humains commencent à devenir de véritables chasseurs-guerriers ; ils peuvent ainsi attaquer des proies plus grandes et ils peuvent tuer leurs ennemis avec plus d'aisance... Depuis cela, l'intelligence rationnelle (celle qui concerne la capacité d'imaginer, d'inventer, d'analyser, d'organiser...) fut mise à l'épreuve très fortement :

les êtres humains les plus intelligents se procurèrent plus de nourriture et se défendirent mieux - en conséquence, ils eurent plus de descendants.

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Extrait de l'ouvrage  L'évolution de la vie sur terre